23.5.05

Madrid 1938

Madrid, 1938


Une affaire liée à un cas d’apparition survenue en Espagne en 1938. Ce cas est remarquable car son héroïne, native de Saragosse, n’avait pas 13 ans lorsque la Vierge lui apparut sous une forme assez compliquée et s’annonça sous le titre prolixe de “Marie, Reine des Victimes et Mère des Prêtres, Corédemptrice, Médiatrice et Avocate universelle”. Cette apparition se renouvela épisodiquement pendant trente-quatre ans. Plusieurs fois la Vierge fit part à la petite Maria Nieves Saiz de son désir qu’une statue soit réalisée à son effigie, la représentant telle qu’elle lui apparaissait. Devant la complexité du projet —la Madone se montrait en compagnie de l’enfant-Jésus, les pieds reposant sur un globe terrestre comportant une croix ainsi qu’une colombe et douze cœurs dorés situés au-dessus de sa tête— cette statue ne fut réalisée qu’en 1961. A peine sortie de l’atelier du sculpteur celle-ci se mit à saigner. Les analyses révélèrent un sang humain très pur du groupe A. La statue (haute de 57 centimètres) fut alors enfermée dans une boîte comportant une vitre et des scellés, opération effectuée devant notaire. Le prodige se reproduisit six autres fois en quatorze ans, à l’occasion de fêtes liturgiques. Les scellés furent toujours trouvés intacts. Précision intéressante : c’était tantôt le cœur de la Vierge qui saignait, tantôt ses yeux. L’Eglise ne s’est pas prononcée à propos de ce phénomène.

“Les plus habiles théologiens conviennent que les images sont une de ces choses qu'on appelle indifférentes, c'est à dire qui ne sont point absolument nécessaires au salut, ni de la substance même de la religion, et qu'il est au pouvoir de l'Église d'en faire usage ou non, selon les circonstances des temps et des lieux.(...) Elles servent de livres à ceux qui ne savaient pas lire et rafraîchissent la mémoire des autres.” (1)

J’ai remarqué que dans d’assez nombreux cas les écoulements sanguins ne suivent pas le cheminement normal dû à la gravitation. Leur dessin semble le résultat d’une sorte de “barbouillage”. Cette constatation troublante fait partie des données auxquelles je ne sais pas (ou n’ose pas) donner un sens.

(http://cendrars.club.fr)

Acción de María en Santa Teresa

Toute l'expérience mariale de sainte Thérèse que l'on trouve disséminée dans ses écrits peut être recomposée en une mosaïque qui offre une belle image de Marie; nous retiendrons trois lignes importantes de cette doctrine thérésienne.

a. Dévotion mariale et expérience mystique mariale

Dès les premières pages des écrits thérésiens, la Vierge apparaît parmi les souvenirs les plus importants de l'enfance de Teresa: dévotion que sa mère Dona Béatrice lui inculquait et qu'elle exerçait par la récitation du Saint Rosaire (Vie I,1.6). L'épisode de sa prière à la Vierge, lorsqu'elle a perdu sa mère Dona Béatrice à l'âge de treize ans, est émouvant :

"j'allai, tout affligée, devant une image de Notre-Dame et je la suppliai d'être ma mère avec beaucoup de larmes. Il me semble que bien que j'aie agi naïve ment, ce me fut une aide, car il est visible que j'ai toujours trouvé cette Vierge souveraine chaque fois que je l'ai invoquée et, finalement, elle m'a ramenée à elle " (Vie I,7).

La Sainte attribue ensuite à la Vierge la grâce d'une protection constante, et de manière spéciale la grâce de sa conversion: "Elle m'a ramenée à elle". D'autres textes de l'Autobiographie nous révèlent la permanence de cette dévotion mariale : elle accourt vers la Vierge dans ses peines (V, 19,5), elle rappelle ses fêtes de l'Assomption, de l'Immaculée Conception (ib. 5,9; 5,6) ou de la Sainte Famille (ib. 6,8), ou sa dévotion au Rosaire (ib. 29,7; 38,1).

Très vite sa dévotion à la Vierge est devenue, comme d'autres aspects de la vie de la Sainte, une expérience de ses mystères: Dieu a fait entrer Teresa dans le mystère du Christ et de tout ce qui y touche. Dans 1'expérience mystique thérésienne du mystère de la Vierge, il y a comme une pénétration progressive des moments les plus importants de la vie de Marie tels que décrits dans l'Évangile. c'est ainsi, par exemple, que nous avons une intuition du mystère de la venue sur elle de l'Esprit-Saint et de son attitude à l'Annonciation (Pensées sur l'amour de Dieu 5,2; 6,7); par deux fois également, la Sainte fait l'expérience mystique des premières paroles du Cantique de Marie, le Magnificat (R 29,1; 61): selon le témoignage de Marie de Saint Joseph, "elle le répétait à voix basse et en castillan" (cf. B.M.C. 18, p.491).

Avec admiration, elle contemple le mystère de l'Incarnation: "Le Seigneur a voulu être renfermé dans le sein de sa Très Sainte Mère. Comme il est Seigneur, Il apporte avec Lui la liberté et comme Il nous aime, Il se met à notre portée" (Chemin Esc. 48,11). Contemplant la Présentation de Jésus au Temple, elle découvre le sens des paroles de Siméon à la Vierge (Relation 36,1) : "Ne crois pas, quand tu vois ma Mère me tenir dans ses bras, qu'Elle ait joui de ce bonheur sans de graves tourments. Depuis que Siméon lui eut dit les paroles que tu sais, mon Père lui fit clairement voir ce que j'aurais à souffrir" (cf également sur la Naissance de Jésus la Poésie 14, et sur la Présentation Chemin 31,2). Elle n'oublie pas la Fuite en Egypte et la vie cachée de la Sainte Famille (Lettre à Dona Luisa de la Cerda du 27 mai 1568 et Vie 6,8).

De plus, elle eut l'intuition spéciale de la présence de Marie dans le mystère pascal de son Fils, de la peine de sa détresse et de la joie de sa Résurrection (Chemin 26,8). Les Pensées sur l'amour de Dieu 3,11 décrivent l'attitude de la Vierge: "Elle se tenait debout et point endormie mais souffrant dans sa très sainte âme et mourant d'une dure mort". Teresa est entrée mystiquement dans la douleur de la Vierge lorsqu'elle vit Jésus placé dans ses bras "comme on le peint dans la cinquième douleur" (Relation 58). À Pâques 1571, à Salamanque, elle a expérimenté une désolation et un transpercement ("la nuit obscure de l' esprit"?) qui lui ont fait se souvenir de la solitude de la Vierge au pied de la croix (Rel. 15,1 et 6); en cette même occasion, le Seigneur lui dit "qu'après sa Résurrection, Il avait vu Notre Dame parce qu'Elle était dans une grande détresse ... et qu'Il était resté longtemps avec Elle, ç'avait été nécessaire pour la consoler" (ib.).

En diverses circonstances, elle a pu contempler la glorification de la Vierge de l'Assomption (Vie 35,15 et 39,26). Elle a conscience de ce que la Vierge accompagne la communauté en oraison par sa constante intercession, comme cela lui est arrivé à Saint Joseph d'Avila (Vie 36,24) et à l'Incarnation (Relation 25,1).

Quand il lui est donné de connaître le mystère de la Trinité, elle perçoit la proximité de la Vierge et le fait que la Vierge, le Christ et le Saint-Esprit sont un don du Père : "Je t'ai donnée à mon Fils et à l'Esprit-Saint et à cette Vierge. Que peux-tu me donner toi à Moi?" (ib.).

Pour résumer, on peut donc affirmer que la Santa Madre a eu une profonde expérience mystique mariale, qu'elle a goûté la présence de Marie, que cette dernière lui a fait revivre ses mystères ... Il en découle une thèse doctrinale thérésienne: les mystères de l'Humanité du Christ et de la Vierge font partie de l'expérience mystique des "parfaits" (cf Demeures VI,7,13 et le titre du ch. 8,6).

b. Marie modèle et Mère de la vie spirituelle

Sainte Thérèse a exprimé, en quelques lignes doctrinales, son expérience et sa contemplation du mystère de la Vierge Marie. Elle aurait sans aucun doute effectué une belle synthèse de spiritualité mariale si, comme c'était son intention, elle avait commenté l'"Ave Maria" comme elle l'a fait pour le "Pater Noster" dans le Chemin de la Perfection.

Nous pouvons dire que parmi les vertus caractéristiques de la Vierge proposées par sainte Thérèse à notre imitation, il en est une qui les résume toutes: Marie est la première chrétienne, la disciple du Seigneur, la "suivante" du Christ jusqu'au pied de la Croix (Chemin 26,2). Elle est le modèle de l'adhésion totale à l'Humanité du Christ et à la communion avec Lui dans ses mystères, de sorte qu'elle est le modèle d'une contemplation centrée sur la Très Sainte Humanité (cf Vie 22,1; Demeures VI,7,14).

Parmi les vertus qui sont aussi celles de la vie religieuse carmélitaine, nous pouvons citer: la pauvreté de Marie, pauvre avec le Christ (cf Chemin 31,2); l'humilité qui a fait descendre Dieu du ciel "dans le sein de la Vierge" (Chemin 16,2) et qui, à cause de cela, est une des principales vertus qu'il faut imiter : "Imitons en quelque chose la grande humilité de la Vierge très sainte" (Chemin 13,3); l'attitude d'humble contemplation et d'admiration devant les merveilles de Dieu (Pensées sur i'amour de Dieu 6,7) et le consentement total à sa volonté (ib.).

Sa présence accompagne tout notre cheminement dans la vie spirituelle, comme si chaque grâce et chaque moment crucial de maturité dans la vie chrétienne et religieuse avait à voir avec la présence active de la Mère dans le cheminement de ses enfants. Ainsi la Vierge apparaît activement présente dans la description que fait la Sainte de l'itinéraire de la vie spirituelle dans le Livre des Demeures. C'est la Vierge qui intercède pour les pécheurs quand ils se recommandent à elle (Demeures I,2,12). Elle est le modèle et l'exemple de toutes les vertus dont le souvenir peut aider à l'heure de la conversion définitive (Demeures III,1,3). Elle est l'Épouse du Cantique (Pensées ... 6,7), le modèle des âmes parfaites et la Mère en qui sont rassemblées toutes les grâces de communion avec le Christ "dans le beaucoup souffrir": "Nous avons toujours vu ceux qui ont vécu au plus près du Christ Notre-Seigneur subir les plus grandes épreuves. Considérons celles de sa glorieuse Mère et des glorieux Apôtres" (Demeures VII,4,5). Pour cette raison la mémoire du Christ et de la Vierge dans la célébration liturgique de leurs mystères nous accompagne et nous fortifie (cf Demeures VI,7,11 et 15).

c. La Vierge Marie et le Carmel

Thérèse de Jésus, par sa vocation de Carmélite, est entrée profondément dans toute la tradition spirituelle antérieure du Carmel. Au monastère de l'Incarnation d'Avila, elle pu s'imprégner de la riche spiritualité mariale de l'Ordre telle que l'exprimaient la tradition historique du XVI siècle, les légendes spirituelles, la liturgie carmélitaine, la dévotion populaire. Dans ses écrits, le nom de l'Ordre est toujours uni à celui de la Vierge qui est âme, Patronne et Mère, de l'Ordre et de chacun de ses membres. Tout est marial selon sainte Thérèse : l'habit, la Règle, les maisons.

Lorsqu'elle est nommée prieure de l'Incarnation en 1571, elle pose la Vierge à la première place dans le choeur parce qu'elle comprend qu'il y a une convergence de dévotion, d'amour et de respect de la part de toutes les religieuses. Ce geste reçoit un bel épilogue marial avec l'apparition de la Vierge (Relation 255). Dans une Lettre à Marie de Mendoza (7 mars 1572) elle dit affectueusement "Ma Prieure (la Vierge Marie) fait ces merveilles". Elle accueille avec joie le P. Gratien, comme elle si dévot de la Vierge, rappelle fréquemment son attachement à Marie dans ses lettres et s'enthousiasme des origines de l'Ordre telles qu'elles étaient racontées dans les livres d'alors (cf. Fondations ch.23). Elle a pleine conscience des privilèges du Saint Scapulaire, auxquels elle semble faire allusion dans cette phrase à propos de la mort d'un carme : "J'entendis qu'en tant que religieux qui avait bien observé la Règle, les Bulles de l'Ordre lui avaient valu de ne pas passer par le Purgatoire" (Vie 38,31).

Avec un même esprit marial, elle entreprend la tâche de la fondation de San José comme un service de rénovation de l'Ordre de Notre-Dame, opérée sous son impulsion. Déjà, dans les premières promesses que lui fait le Christ, nous trouvons l'allusion à la présence de la Vierge dans le Carmel (Vie 32,11).

Ensuite, c'est la Vierge elle-même qui active la fondation de San José par des paroles et des promesses identiques et une grâce spéciale de pureté intérieure accordée à Teresa (V 53,14). Achevant heureusement la fondation de San José, la Madre Teresa confesse ses sentiments marials : "Je me crus au ciel quand je vis poser le Très Saint Sacrement ... et achevée l'oeuvre que je désirais tant, sachant qu'elle contribuerait au service de Dieu et à l'honneur de l'habit de sa glorieuse Mère" (Vie 36,66); "Gardons la Règle de Notre-Dame du Carmel ... plaise au Seigneur que tout soit pour sa gloire, sa louange et celles de la glorieuse Vierge Marie dont nous portons l'habit" (ib. 36,26 et 28). En réponse à ce service marial, elle voit le Christ agréer "ce qu'elle avait fait pour Sa Mère et Notre-Dame, dans une immense gloire, vêtue d'un manteau blanc sous lequel Elle semblait nous abriter toutes" (ib. 36,24).

Dans le récit des progrès de la Réforme, Teresa prend toujours soin de souligner la continuité avec l'Ordre, le service rendu à Notre-Dame, la protection spéciale dont elle l'entoure en toutes occasions: ainsi, par exemple, la rencontre avec le P. Rubeo et la permission obtenue de répandre les monastères thérésiens : "J'écrivis à Notre Père Général une lettre ... lui montrant le service qu'il rendrait à Notre-Dame, dont il était très dévot. C'est Elle sans doute qui a tout négocié ..." (Fondations 2,5). Le Livre des Fondations semble tout entier écrit sous le signe marial, tant les allusions de Teresa à la Vierge et a son service sont continuelles: "Commençant à se peupler ces colombiers de la Vierge Notre Dame ..." (ib. 4, 5); "Tels sont les principes de rénovation de la Règle de la Vierge, sa Mère, notre Dame et Patronne ..." (ib. 14,5), dit-elle à propos de Duruelo. Lorsqu'elle jette un regard en arrière, à la fin du Livre des Fondations, elle contemple la Réforme comme un service de la Vierge et une oeuvre dans laquelle a collaboré la même Reine du Carmel: "Nous nous réjouissons donc de servir notre Mère, Maîtresse et Patronne ... petit à petit on fait ce qu'il faut pour honorer et glorifier cette glorieuse Vierge et son Fils ..." (ib. 29, 23 et 28). La séparation elle-même des Mitigés et des Déchaux, accomplie au Chapitre d'Alcalà en 1581, est considérée par Teresa comme une action pacificatrice de la Mère de l'Ordre : "Notre Seigneur conclut cette chose si importante pour l'honneur et la gloire de sa glorieuse Mère... Elle est Notre Dame et Patronne..." (ib. 29,31).

Le souvenir de la Vierge suggère à Teresa en diverses occasions le sens de la vocation carmélitaine. Ainsi par exemple, voici une allusion implicite à Marie : "Nous toutes qui portons ce saint habit du Carmel sommes appelées à l'oraison et à la contemplation, car telle fut notre origine, nous descendons de cette caste, celle de nos saints Pères du Mont Carmel qui dans une si grande solitude et un si profond mépris du monde recherchaient ce trésor dont nous parlons" (Demeures V,1,2). Le contexte est le suivant: la Sainte parle de la vocation à l'oraison, trésor caché et perle précieuse (deux images évangéliques) qui se trouvent en nous mais qui exigent le don total de notre vie (acheter le champ où se trouve le trésor et acquérir la perle précieuse); Marie y apparaît comme la Mère de cette "caste de contemplatifs" par son intériorité dans la méditation et le don de soi total au Seigneur. À une autre occasion, Teresa attire l'attention sur l'imitation de la Vierge, qui nous permettra de nous appeler ses vrais enfants : "Plaise à Notre-Seigneur, mes soeurs, que nous vivions en vraies filles de la Vierge et que nous gardions notre profession afin que Notre-Seigneur nous accorde les grâces qu'Il nous a promises" (Fondations 16,7). Dans l'amour de la Vierge et dans l'appartenance à la même famille se trouvent, pour la fraternité thérésienne, les fondements de l'amour réciproque et de la communion des biens: C'est ce que suggèrent deux textes : "Ainsi, mes filles, nous sommes toutes de la Vierge et soeurs, tâchons de nous aimer beaucoup les unes les autres" (Lettre aux moniales de Séville, 13 janvier 1580,6) ; "Pour cela nous portons toutes le même habit afin de nous aider (les monastères) entre nous car ce qui à l'un est à tous" (Lettre à la mère Prieure et aux Soeurs de Valladolid, 31 mai 1579,4).

Ces pages montrent comment la Sainte a vécu intégralement la tradition mariale du Carmel et l'a enrichie par son expérience mystique, sa dévotion et l'orientation doctrinale de ses écrits. Pour la Carmélite Déchaussée la Vierge est, dans la perspective thérésienne, modèle d'adhésion au Christ, de participation contemplative à son mystère et de service ecclésial; pour chaque monastère la Vierge est la Mère dont la présence accroît le sens d'intimité et de la famille, soutient dans le chemin de la vie spirituelle et préside à l'oraison comme fervente avocate auprès de son Fils.

Who links to me?
Who links to me?